FIGURATION/ABSTRACTION :
représenter ou symboliser ?
Abstraction, tentative de définition…
Terminologie : Le terme bien du latin « ab-traere » signifiant « retirer de » : par extension, on pourrait signifier que ce qui est abstrait est confus, non identifiable, retiré du…réel ; faire abstraction de quelque chose, c’est en nier l’existence et le caractère CONCRET ; l’abstraction élude une réalité et s’en affranchit.
La question de l'abstraction en art est liée à l'histoire, et notamment au fait religieux et aux différentes expressions du spirituel, ce dès les prémisses de l'activité artistique :
a) Epoque préhistorique : de récentes découvertes concernant la datation chimique des peintures on permis de reculer de 10000 ans environ les 1ères peintures d l’histoire de l ‘humanité (40800 ans pour l’Espagne , 37000 pour la grotte Chauvet). Parmi les figures «réalistes », il y a des ensembles très stylisés et graphiques : le travail des « artistes » consiste en biffures, griffures, stries régulières, signes géométriques ou « pochoirs » de mains.
Vénus dite de Brassempouy, ivoire, environ 23000 ans |
Vénus de Willendorf, Autriche (déouverte en 1908), calcaire, il y a 25000 ans environ. |
b) époque antique :
Même si les termes d’essence, d’idée ne sont pas l’équivalent du mot abstraction, le sens en est proche chez Platon : dans le "Timée", Platon discourt de l'Art et de la séduction, de la confusion surtout qu’il crée en proposant des « apparences d’apparences » de l’idée : un oiseau peint par Zeuxis, sur un mur, de manière très réaliste, n’est que la forme illusoire d’une apparence : il y a l’idée (l’essence) d’oiseau, l’oiseau lui même, et la peinture : Platon évoque donc la peinture comme une activité de charlatan, puisqu’il s’agit de tromper les observateurs.
Dans le mythe de la Caverne, Platon imagine que ce qui effraie les prisonniers, est l'apparence des ombres produite sur les parois de la grotte, ainsi que les bruits produits par des chaines et autres objets : il en déduit que l'art mimétique ne peut amener à la vérité car il n'est qu'illusion, tromperie.
Les peintres Parrhasios et Zeuxis, lors de leur "concours" : les raisins de Zeuxis étaient si véridiques que les oiseaux venaient picorer les grains peints sur le mur. |
Illustration du mythe de la caverne : des ombres trompeuses |
Cette opinion « étroite », qui n’accorde à l’art que la possibilité de dire (ou non) l’essence du VRAI, est limitée à cette époque ; les statues de Kouros (jeune homme) et Korè (jeune fille) créés entre le VIII et le IIIè siècle avant JC en Grèce tendent néanmoins vers une sorte d'idéalisation normative de la forme du corps (posture identique des différentes versions, corps stylisés, expression impassible). Le beau est universel ou il n'est pas ; il peut s'incarner dans une forme mais elle doit approcher une sorte de "perfection" et se détacher des accidents.