jeudi 14 mars 2019

Préparation Centenaire Auguste Renoir : les secondes Arts visuels au musée !

"Figure rencontre paysage" : 

Cagnes, Renoir sculpteur et la "Vénus Victrix"


Résultat d'une collaboration ponctuelle entre le sculpteur espagnol Richard Guino et le célèbre peintre impressionniste, la "Vénus Victrix" (1914) orne une allée d'orangers et mandariniers, en contrebas de sa demeure cagnoise. Elle a été l'objet de différentes études en plâtre et terre cuite, mais avant tout d'un travail de passage entre l'univers pictural et celui de la volumétrie ; le tableau du "Jugement de Pâris" montre cette extraction du corps peint et le passage au volume, avec le projet de Vénus victorieuse : ce n'était pas évident pour Renoir, atteint dans ses dernières années de sa vie de polyarthrite déformante aux mains ; les douleurs, très intenses, se mêlaient à une perte de motricité.


Pierre-Auguste RENOIR : "le jugement de Pâris" huile sur toile de 1914





Dans le cadre du centenaire de la mort de l'artiste, les 4 groupes de seconde Arts Visuels du lycée ont pu bénéficier d'une captivante médiation sur cette période peu connue de la vie et de la pratique de Renoir ; Floriane Berdah-Palazon, médiatrice du Musée Renoir, nous a expliqué, avec force anecdotes, les raisons de cette passion soudaine pour le volume chez l'auteur : il s'agit de donner corps à des formes tant de fois dépeintes, notamment dans sa période cagnoise, où ses modèles sont des paysannes, boulangères et bergères. Leurs courbes ondulantes sont exacerbées et se mêlent intimement aux vallonnements de son domaine des Collettes.

les élèves de seconde devant la dernière sculpture de la collaboration Guino/Renoir, "l'Allégorie de l'eau ou laveuse".




C'est l'ambition que nous sommes fixés avec les élèves : rendre hommage à la figure humaine et au corps, sous la forme d'une sculpture qui devra s'inscrire de manière harmonieuse dans un lieu choisi par les élèves. Ils travailleront par binômes ou trinômes. Résultat et installation la 2ème semaine du mois de mai !




COUPLES et FRATRIES : des collaborations singulières

COUPLES et FRATRIES : des collaborations singulières

Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla  

 Un article de Marceau Balleux

 

Présentation du couple


Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla travaillent en couple depuis une quinzaine d'années. Ils travaillent à Puerto Rico. 
 
Jennifer Allora est née a Philadelphie aux Etats Unis (1974) , Guillermo Calzadilla est né a La Havane (1971 .

Les 2 artistes se sont rencontrés en 1994 à Puerto-Rico lors d’une exposition . Ils ont tous les deux choisi une double formation artistique et scientifique ; leur approche est une vision critique des territoires post-coloniaux et de l'impact des conflits armés sur les cultures.

"Intermission Halloween Afghanistan I (Captain America)", gravure sur bois et tissu, 2011

Ces 2 artistes se sont interrogés sur le liens existant entre la nature et la culture , et également sur les paysages qui orchestrent les conflits. Certaines de leurs œuvres se présentent sous forme de vidéos .

La démarche du couple , leur spécificité , leurs productions

Jennifer Allora est Guillermo Calzadilla sont associés depuis 1995 . En s’appuyant sur des recherches historiques, scientiiques et sociales approfondies, leur démarche consiste à révéler la complexité de situations dans des territoires abîmés ou touchés par les effets de la colonsation, du tourisme de masse ou des conflits armés : Puerto-Rico est ainsi pour eux un territoire qu’ils explorent comme un prisme où convergent les questions géopolitiques, écologiques, culturelles et historiques. C'est ainsi qu'ils inaugurent en 1999 une série de travaux réalisés conjointement , autour de la situation de l'ile de San Juan (ancienne base militaire des USA), avec l'ensemble "Land-mark" :
Land Mark (1999/2003/2006), Land Mark (Footprints) (2001–02), Returning a Sound (2004), Under Discussion (2005) and Half Mast\Full Mast (2010)

"Date limite (deadline)", 2007, vidéo d'une installation durant un cyclone tropical.




Les 2 artistes utilisent une grande diversités de médiums , comme la photographie, la sculpture , le son , la vidéo , ainsi que la performance.


Ils se sont rencontres tôt dans leur carrières artistique et ils avaient a peu près les mêmes préoccupations, c’est à dire un fort penchant pour la photographie et un intérêt pour la performance ( œuvres dont le médium est le corps de l'artiste) et les manifestations participatives (comme "Chalk" en 1999, où le public péruvien pouvait inscrire des revendications, dessiner au sol au moyen de bâtons de craie géants).

Leur mode de collaboration est donc à la fois fusionnel et dysfonctionnel : autour de préoccupations communes, ils avancent et créent par la discussion, le partage et l'opposition de points de vue, sur les modes opératoires et l'efficacité escomptée de telle ou telle mise en scène.
 
Ils se sont intéressés dans les années 2000 au son et aux différents sens dans l’art. En 2011 ils ont représentaient les États Unis à la Biennale de Venise, avec la pièce "Track and field", performance sportive sur un char américain renversé ; lors de cet évènement une question a d’ailleurs émergé, intéressant les 2 artistes : La musique peut elle être ce langage universel qui rapprocherait l’homme est l’animal ?

Résultat de recherche d'images pour "allora et calzadilla collaboration"

 

samedi 2 mars 2019

COUPLES et FRATRIES : des collaborations singulières

 

Article de Léa HIFF





le couple Becher au travail dans les années 70


 

Bernd et Hilla BECHER.








Hilla (1934-2015) et Bernd Becher (1931-2007) sont un couple d’artistes photographes allemands, qui a été actif à partir dela fin des années 50 jusqu'au début des années 2000. 

Leur spécialité se concentre sur la photographie systématique et quasi obsessionnelle de bâtiments et constructions urbaines et industrielles essentiellement. Très tôt, leur rencontre les conduit à se comporter en chercheur en "archéologues" de leur région (Rhénanie), où les formes urbaines et rurales sont comme des signes réitérés d'une identité en devenir (façades de fermes à colombages, chateaux d'eau). Leur photographie est un étrange mélange de documentaire, d'enquête et de plasticité affirmée dn sl'effet de collection/série.

Bernd n’a pas seulement été artiste ; à partir de 1976 il fut professeur dans l’académie des beaux arts de Dusseldorf en y ouvrant la première classe de photographie artistique. Plusieurs artistes se sont inspirés de son travail. 
Ensemble, ils ont reçu trois prix distincts (comme le Prix culturel de la Société allemande de photographie en 1985). 


 
Bernd et Hilla BECHER préparant le choix et la combinaison d'une série de photos, fin des années 90

Les deux artistes échangent à propos de sujets qui pourront devenir l'objet de séries photographiques, sur un temps qui peut aller jusqu'à 30 années : l'observation du paysage fait en effet émerger des symboles ou éléments récurrents traces d'un "patrimoine" industriel ou rural, auquel le couple décide d'accorder de l'importance en fonction de la variété des formes qui en témoignent. Ils  travaillent ensemble afin de photographier conjointement des lieux spécifiques en se répartissant les tâches de cette manière : 
-Hilla s’occupe de trouver l’emplacement, le lieux qu’ils pourraient photographier, gardant toujours en priorité de prendre en photo des bâtiments industriels comme des puits ; châteaux d’eau, et autres… 

-Bernd quant à lui prend en main le cadrage, la luminosité ainsi que de la prise en photo de l’emplacement. (La luminosité est toujours neutre ; et le cadrage/angle de vue toujours identique.) L’utilisation du noir et blanc est primordial pour eux et un téléobjectif est nécessaire afin de donner ainsi un aspect documentaire de leur photo et d ‘éviter les déformations possible de la photographie. Leurs œuvres se présentent sous forme de séries de photographie consécutives qui paraissent assez géométrique à première vue. 

Les images ainsi neutres ont pour but de mettre en valeur l’infrastructure des bâtiments.
Bernd et Hilla BECHER : "Chateaux d'eau", 1968-88, 9 cadres juxtaposés.


COUPLES et FRATRIES : des collaborations singulières

un article d'Ambre ROUGIER

Charlotte MOORMAN et Nam JUNE PAIK



Charlotte Moorman (1933-1991), femme charismatique, artiste musicienne  organisatrice d'évènements , est connue principalement pour sa musique puisque violoncelliste de renommée ( elle a commencé à apprendre à en jouer à l'age de 10 ans). Elle est connue pour ses nombreuses performances et est considérée comme une musicienne de l'avant-garde musicale new-yorkaise des années 60. elle fondera en 1963 « Le New York Avant-Garde Festival » qu'elle dirigera jusque dans les années 80 et ou elle rencontrera Nam June Paik, artiste avec lequel elle entrera en collaboration.
Nam June Paik (1932-2006), artiste sud coréen est connu principalement pour son travail sur la vidéo ainsi que sur le son. Nombreuses de ces œuvres sont caractéristiques puisqu'il s'agit de performances, visant à la déconstruction d'un fond sonore. Considéré comme l'un des fondateurs de l'art vidéo, s'intéressant alors à la l'image avec la télévision comme médium ( multiplication de l'image, pratique du collage, superposition). Il entretiendra une collaboration artistique avec l'artiste Charlotte Moorman et une amitié jusqu'à la mort de celle-ci.
Tous deux, appartenant au mouvement du Fluxus ( mouvement d'art contemporain qui concerne surtout la littérature, les arts visuels et la musique) entre en collaboration en 1964 et crée une forme d'art reliant à la fois musique, art visuel tout en développant une sensibilité érotique ( par exemple avec l'oeuvre ayant fait scandale comme « l'Opéra Sextronique » ou l'artiste Charlotte Moorman se dénudait tandis qu'elle jouait un morceau sur scène). Ce duo se fait en partie reconnaître pour ce coté « provocateur » mais aussi pour leur charisme apparent au travers leurs œuvres et deviennent très vite au centre des médias : lors de festival ou de show télévisés. Il semblerait que Charlotte Moorman fasse partie intégrante parfois de leurs œuvres et qu'elle soit plus sur le devant de la scène que son partenaire Nam June Paik, chargé davantage de l'esthétisme et evidémment de la musique ; tandis que celui-ci serait plus en retrait ( tout aussi important) mais se chargeant plutôt du rendu visuels au travers des éléments tels que la déformation d'image à l'aide de caméras ou la déformation du son lors d'une représentation.

Analyse d'une œuvre emblématique : TV Cello (1971)



Cette œuvre performative réalisée en 1971, aujourd'hui "exposée" (violon et téléviseurs seuls) aux Etats-unis, est une confrontation des compétences de Paik en électronique et vidéo, et de l'exécution musicale de Moorman :  ici, le poste de TV revêt une dimension sculpturale. Charlotte Moorman fait également partie intégrante de celle-ci, jouant son propre rôle ( elle pose ici en tant que musicienne, mais joue aussi). Le violoncelle est ici représenté par des postes télés empilé les uns sur les autres et diffusant diverses images. Il faut savoir que celles-ci se déformaient au fur et à mesure que Charlotte Moorman produisait des sons. Les images pré-enregistrées se déformaient donc en fonction des ondes sonores produite par la musicienne grâce au travail de démontage des TV réalisé par Nam June Paik : ce dernier avait en effet relié au moyen de câbles électriques les tubes cathodiques des téléviseurs aux cordes du violoncelle. La collaboration est ici un prétexte à mettre en scène via le symbole de la télé un fluide universel, mêlant son et images distordues, comme une sorte d'appropriation du signal visuel émis par les médias.