jeudi 17 janvier 2019

Jeunes talents au musée Bonnard : la nuit des musées en préparation

Visite du musée Bonnard : les élèves de 1ère Arts plastiques préparent la nuit des musées 2019

"Trouver sans cesse de nouvelles combinaisons (...) qui répondent aux exigences de l'émotion." Pierre BONNARD 



Prévue depuis le début de l'année, cette journée de rencontre avec l'art du peintre et lithographe Pierre Bonnard (1867-1947) a été l'occasion de multiples interrogations pour les élèves de 1ère L Arts plastiques : quels sont les apports de la méditerranée dans les pratiques picturales d'un Renoir (venu à Cagnes dès 1892), d'un Matisse ébloui par Collioure, puis Saint-Tropez, et de Bonnard, artiste "japonisant" (surnommé le "nabis japonard") qui se plaisait avant tout dans les scènes intimistes ?

Pierre BONNARD : "vue de Saint-Tropez", huile sur toile, 1911-12


 Le trait d'union semble être celui de la lumière : Cézanne déjà, arrivant devant les paysages éblouissants de l'Estaque disait "c'est comme une carte à jouer : des toits rouges sur une mer bleue" (Lettre de Cezanne à Pissarro du  2 juillet 1876) : la lumière du sud simplifie, clarifie les formes et incite à une synthèse des formes. 

Paul CEZANNE : "Les toits rouges (l'Estaque)", huile sur toile, 1885.

 Bonnard, venu en méditerranée dès 1904, s'imprègne d'ambiances colorées intenses, et fait peu à peu évoluer sa palette vers une intensité et un jeu d'oppositions de masses qui n'est pas sans rappeler le travail contemporain des fauves (Derain, Vlaminck, rencontrés en Espagne et à Port-Bou). 

Henri MATISSE : "Luxe, calme et volupté (Saint-Tropez)", huile sur toile, 1904-05.


L'influence des pointillistes (Signac, Vuillard et Roussel, rencontrés à Saint-Tropez)  est moindre mais contribue néanmoins à éclaircir ses tonalités et à jouer de transparences avec des huiles plus diluées.

Paul SIGNAC "Le port de Saint-Tropez", huile sur toile, 1901-02.

La visite, menée conjointement par l'artiste Max Charvolen et la conservatrice du musée Bonnard, a permis de découvrir les différentes facettes de ce peintre lithographe, notamment dans son rapport au paysage et aux espaces méditerranéens : diverses vues sur la baie de Cannes (que les élèves ont pu retrouver en réalité lors de la visite du sentier Bonnard sur les hauteurs du Cannet), sur l'arrière-pays grassois, des arbres en fleurs, la superbe et immense vue du Cannet de 1927 (à l'origine conçue comme tête de lit pour les riches commanditaires !), des dessins à l'encre de chine figurant palmiers et autres végétaux du sud...

Pierre BONNARD : "paysage du Cannet", encre de chine, 1924.



Pierre BONNARD : "vue du Cannet" ,huile sur toile, 1927.


Les élèves devaient choisir soit un espace, soit une œuvre de Bonnard ayant retenu leur attention, pour concevoir leur production in-situ et "en fonction de..." : mesures, dessins, réflexions, autorisations, les différentes données de l'intervention ont été envisagées par les élèves.





 L'après-midi a été consacré à la visite d'un des ateliers de Max Charvolen : il nous a montré un travail d'"empreinte" en cours, conforme à sa pratique d'appropriation/recouvrement du lieu, commencé dans les années 80 : un envahissement progressif de l'espace du quotidien (par encollage de bandes de cotons qu'il a comparées à des parpaings), qu'il décroche ensuite du support bâti, pour le re-déployer différemment et selon des virtualités qui sont souvent infinies. 







Un échange fructueux qui s'est achevé par une "surprise" amenée par Max Charvolen : des "empreintes" singulières, issues d'une série réalisées quelques années auparavant : il s'agissait d'objets moulés par superpositions de bandes de coton enduites du même mélange peinture/colle utilisé surles murs, puis démoulés ensuite, tels des momies ou mues d'insectes : le résultat est très déroutant, et a montré à nouveau aux élèves l'étendue des possibilités d'interpréter plastiquement l'empreinte.