VIRTUAL STREET-ART
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Grotte de Lascaux IV, aurochs dont les formes utilisent les volumes des parois. |
Des premiers signes tracés dans l'argile humide par nos ancêtres sur les parois de grottes aux titanesques "chantiers"de Street-art de BLU ou JR, recouvrant des pans entiers de villes de collages géants ou d'hectolitres de peinture, il reste une obsession, une envie identique : se confronter directement à un support, à la matière, jouer avec l'espace, les volumes du lieu.
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JR : "Women are heroes" (film et intervention murale, collage de photographies des femmes habitantes de la favela, Rio de Janeiro |
Les interventions illusionnistes de Georges ROUSSE ont été analysées : organiser un point de vue et fabriquer une image, en se jouant des volumes, masses, plans (horizontaux, verticaux) du lieu, telle est la finalité et le défi que s'impose cet artiste exigeant. D'un surfaçage à la craie, à la peinture acrylique, en passant par des collages de stickers, l'espace initial est perturbé et (virtuellement) reconstruit par les interventions de l'artiste.
Lorsqu’il
déniche un espace architectural potentiellement intéressant, Georges Rousse déambule
longuement dans ce lieu, s’imprègne de son atmosphère,
étudie la façon dont la lumière l’habite. Il fait des repérages, prend
des
notes et réalise des photos (polaroïds instantanés ou autres). Il
esquisse des
dessins (aquarelles) de l’espace sous différents angles. Il retourne si
nécessaire dans le lieu, s'intéresse aux complexités de l'espace
(embrasures, cloisons ouvertes, cages d'escalier, angles des pièces...)
et choisit ensuite un endroit limité. Il détermine une
forme puis un point de vue précis (souvent en hauteur) pour la chambre
noire photographique
sur son trépied (espace et cadrage de l’image) qu’il dispose dans le
lieu.
L’espace choisi est ensuite nettoyé pour ne laisser apparaître que les lignes de l’architecture puis blanchi (hachuré à la craie). Un transparent est placé devant la chambre photographique puis, avec le noir total (ouvertures masquées) une projection de l’image du projet dans le lieu (avec un projecteur fixé rigoureusement au même emplacement) permet d’affiner le projet puis à ses assistants de prendre des repères dans la profondeur du lieu, sur les murs, sols et plafonds, de dessiner les formes envisagées (morcelées, déformées et étirée dans l’espace) puis de les recouvrir de craie, les peindre en aplats ou les découper, voire d’ajouter des cloisons ou des fragments de volumes géométriques en bois.
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Georges ROUSSE : "Metz" (photographie cibachrome, 1994 |
Le résultat final, pris en photo, est construit selon le principe de l'anamorphose, une technique largement utilisée depuis des siècles, soit au sein de tableaux, soit en association avec des miroirs cylindriques : dans les 2 cas, il s'agir d'une image volontairement déformée, étirée, de façon à n'être visible que selon un certain point de vue du spectateur.
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Georges ROUSSE : "Metz" (photographie cibachrome,1994 |
Les élèves étaient amenés
à s'approprier par la photographie un espace urbain de leur choix, sans
"qualités" plastiques particulières : l'absence de passants devait
permettre de travailler directement sur un tirage de la photo, afin d'y
projeter une intervention urbaine qui s'approprierait au mieux les
formes et couleurs du lieu initial. Travaillant sur feuille A3, les élèves n'ont pas eu à
gérer l'anamorphose, mais plutôt l'appropriation des formes et
"accidents" plastiques du lieu : plaques d'égout, cadre de fenêtres, fissures dans les murs, carrelage au sol, affiches,...
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