samedi 2 mars 2019

COUPLES et FRATRIES : des collaborations singulières

un article d'Ambre ROUGIER

Charlotte MOORMAN et Nam JUNE PAIK



Charlotte Moorman (1933-1991), femme charismatique, artiste musicienne  organisatrice d'évènements , est connue principalement pour sa musique puisque violoncelliste de renommée ( elle a commencé à apprendre à en jouer à l'age de 10 ans). Elle est connue pour ses nombreuses performances et est considérée comme une musicienne de l'avant-garde musicale new-yorkaise des années 60. elle fondera en 1963 « Le New York Avant-Garde Festival » qu'elle dirigera jusque dans les années 80 et ou elle rencontrera Nam June Paik, artiste avec lequel elle entrera en collaboration.
Nam June Paik (1932-2006), artiste sud coréen est connu principalement pour son travail sur la vidéo ainsi que sur le son. Nombreuses de ces œuvres sont caractéristiques puisqu'il s'agit de performances, visant à la déconstruction d'un fond sonore. Considéré comme l'un des fondateurs de l'art vidéo, s'intéressant alors à la l'image avec la télévision comme médium ( multiplication de l'image, pratique du collage, superposition). Il entretiendra une collaboration artistique avec l'artiste Charlotte Moorman et une amitié jusqu'à la mort de celle-ci.
Tous deux, appartenant au mouvement du Fluxus ( mouvement d'art contemporain qui concerne surtout la littérature, les arts visuels et la musique) entre en collaboration en 1964 et crée une forme d'art reliant à la fois musique, art visuel tout en développant une sensibilité érotique ( par exemple avec l'oeuvre ayant fait scandale comme « l'Opéra Sextronique » ou l'artiste Charlotte Moorman se dénudait tandis qu'elle jouait un morceau sur scène). Ce duo se fait en partie reconnaître pour ce coté « provocateur » mais aussi pour leur charisme apparent au travers leurs œuvres et deviennent très vite au centre des médias : lors de festival ou de show télévisés. Il semblerait que Charlotte Moorman fasse partie intégrante parfois de leurs œuvres et qu'elle soit plus sur le devant de la scène que son partenaire Nam June Paik, chargé davantage de l'esthétisme et evidémment de la musique ; tandis que celui-ci serait plus en retrait ( tout aussi important) mais se chargeant plutôt du rendu visuels au travers des éléments tels que la déformation d'image à l'aide de caméras ou la déformation du son lors d'une représentation.

Analyse d'une œuvre emblématique : TV Cello (1971)



Cette œuvre performative réalisée en 1971, aujourd'hui "exposée" (violon et téléviseurs seuls) aux Etats-unis, est une confrontation des compétences de Paik en électronique et vidéo, et de l'exécution musicale de Moorman :  ici, le poste de TV revêt une dimension sculpturale. Charlotte Moorman fait également partie intégrante de celle-ci, jouant son propre rôle ( elle pose ici en tant que musicienne, mais joue aussi). Le violoncelle est ici représenté par des postes télés empilé les uns sur les autres et diffusant diverses images. Il faut savoir que celles-ci se déformaient au fur et à mesure que Charlotte Moorman produisait des sons. Les images pré-enregistrées se déformaient donc en fonction des ondes sonores produite par la musicienne grâce au travail de démontage des TV réalisé par Nam June Paik : ce dernier avait en effet relié au moyen de câbles électriques les tubes cathodiques des téléviseurs aux cordes du violoncelle. La collaboration est ici un prétexte à mettre en scène via le symbole de la télé un fluide universel, mêlant son et images distordues, comme une sorte d'appropriation du signal visuel émis par les médias.

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