COUPLES et FRATRIES : des collaborations singulières
un article d'Ambre ROUGIER
Charlotte MOORMAN et Nam JUNE PAIK
Charlotte Moorman (1933-1991), femme charismatique, artiste musicienne organisatrice d'évènements , est
connue principalement pour sa musique puisque violoncelliste de renommée ( elle a commencé à apprendre à en jouer à l'age de 10 ans). Elle est
connue pour ses nombreuses performances et est considérée comme une
musicienne de l'avant-garde musicale new-yorkaise des années 60. elle
fondera en 1963 « Le New York Avant-Garde Festival » qu'elle dirigera
jusque dans les années 80 et ou elle rencontrera Nam June Paik, artiste
avec lequel elle entrera en collaboration.
Nam June Paik (1932-2006), artiste sud coréen est connu principalement pour son travail sur la vidéo ainsi
que sur le son. Nombreuses de ces œuvres sont caractéristiques
puisqu'il s'agit de performances, visant à la déconstruction d'un fond
sonore. Considéré comme l'un des fondateurs de l'art vidéo,
s'intéressant alors à la l'image avec la télévision comme médium (
multiplication de l'image, pratique du collage, superposition). Il
entretiendra une collaboration artistique avec l'artiste Charlotte
Moorman et une amitié jusqu'à la mort de celle-ci.
Tous deux, appartenant au mouvement du
Fluxus ( mouvement d'art contemporain qui concerne surtout la
littérature, les arts visuels et la musique) entre en collaboration en
1964 et crée une forme d'art reliant à la fois musique, art visuel tout
en développant une sensibilité érotique ( par exemple avec l'oeuvre
ayant fait scandale comme « l'Opéra Sextronique » ou l'artiste Charlotte
Moorman se dénudait tandis qu'elle jouait un morceau sur scène). Ce duo
se fait en partie reconnaître pour ce coté « provocateur » mais aussi
pour leur charisme apparent au travers leurs œuvres et deviennent très
vite au centre des médias : lors de festival ou de show télévisés. Il
semblerait que Charlotte Moorman fasse partie intégrante parfois de
leurs œuvres et qu'elle soit plus sur le devant de la scène que son
partenaire Nam June Paik, chargé davantage de l'esthétisme et evidémment
de la musique ; tandis que celui-ci serait plus en retrait ( tout aussi
important) mais se chargeant plutôt du rendu visuels au travers des
éléments tels que la déformation d'image à l'aide de caméras ou la
déformation du son lors d'une représentation.
Analyse d'une œuvre emblématique : TV Cello (1971)
Cette œuvre performative réalisée en 1971, aujourd'hui
"exposée" (violon et téléviseurs seuls) aux Etats-unis, est une confrontation des compétences de Paik en électronique et vidéo, et de l'exécution musicale de Moorman : ici, le poste de TV revêt une
dimension sculpturale. Charlotte Moorman fait également
partie intégrante de celle-ci, jouant son propre rôle ( elle pose ici en
tant que musicienne, mais joue aussi). Le violoncelle est ici représenté par des postes
télés empilé les uns sur les autres et diffusant diverses images.
Il faut savoir que celles-ci se déformaient au fur et à mesure que
Charlotte Moorman produisait des sons. Les images pré-enregistrées se
déformaient donc en fonction des ondes sonores produite par la
musicienne grâce au travail de démontage des TV réalisé par Nam June Paik : ce dernier avait en effet relié au moyen de câbles électriques les tubes cathodiques des téléviseurs aux cordes du violoncelle. La collaboration est ici un prétexte à mettre en scène via le symbole de la télé un fluide universel, mêlant son et images distordues, comme une sorte d'appropriation du signal visuel émis par les médias.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire